Fiscalité de la location meublée 2024/2025 : quelles réformes attendre et comment anticiper
La fiscalité de la location meublée fait actuellement l’objet de nombreuses discussions au sein du gouvernement français. Dans un contexte de changements politiques et économiques, il est essentiel de comprendre comment les modifications fiscales à venir pourraient affecter ce secteur.
Une nouvelle ère politique
Au moment où j’écris ces lignes, Michel Barnier vient d’être nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. Bien que cette nomination soit loin de faire l’unanimité, elle symbolise le début d’une nouvelle ère pour la politique française. Une ère marquée par des défis majeurs, notamment sur le plan fiscal. La France, telle un vieux paquebot lourdement endetté, avance difficilement dans un climat d’incertitude. À l’image de ce navire, les décisions fiscales à venir pourraient impacter profondément de nombreux secteurs économiques, y compris celui de la location meublée.
La situation actuelle reflète un manque de consensus politique. Chacun semble vouloir imposer sa vision sans nécessairement tenir compte des conséquences à long terme sur les acteurs économiques, et plus particulièrement sur les propriétaires bailleurs. Un nouveau capitaine est certes à la barre, mais l’avenir reste encore incertain. Il est donc crucial d’essayer d'anticiper les évolutions fiscales et d’en comprendre les enjeux , afin de prendre les décisions les plus éclairées.
Les pistes fiscales envisagées pour la location meublée
La présentation du projet de loi de finances pour 2025 doit être réalisée le 1er octobre, au plus tard, et plusieurs rapports suggèrent déjà des orientations fiscales qui pourraient affecter directement le régime de la location meublée.
Si ces pistes venaient à se concrétiser, cela entraînerait des changements majeurs pour les propriétaires et investisseurs dans ce secteur :
Conservation d’une fiscalité attractive pour les meublés de tourisme
La première piste évoquée concerne la préservation d’un régime fiscal avantageux pour les locations meublées de tourisme classées. Ce type de location, qui inclut souvent les résidences de vacances et les locations de courte durée (comme Airbnb), pourrait continuer à bénéficier d’une fiscalité spécifique. Cette mesure viserait à soutenir le secteur du tourisme en France, qui reste un pilier de l’économie nationale.
Alignement de la fiscalité des locations meublées avec celle des locations nues
Une autre possibilité serait la poursuite de l'alignement des régimes fiscaux des locations meublées avec celui des locations nues. Actuellement, les propriétaires de biens meublés bénéficient d’un cadre fiscal plus avantageux, notamment via des possibilités de déduction plus larges que dans le cadre des revenus fonciers. Il se pourrait que le régime des BIC devienne inéligible à la location meublée et conduise à considérer les revenus tels des revenus fonciers.
Assujettissement des locations de courte durée à la TVA
Parmi les autres réformes envisagées, l’idée d’assujettir les locations meublées de courte durée à la TVA, avec un taux de 10 %, fait surface. Si cette mesure était adoptée, elle pourrait fortement impacter les plateformes de location de type Airbnb, mais aussi les propriétaires particuliers qui louent leurs biens pour de courtes périodes. Bien que cette taxation ne soit pas nouvelle dans d’autres secteurs, elle représenterait un changement significatif pour les investisseurs en immobilier meublé. Il est donc crucial de surveiller de près cette évolution, afin de rester informé.
Quasi suppression de la déduction des amortissements pour la location meublée longue durée et suppression pour la location meublée courte durée
Enfin, l’une des mesures les plus redoutées par les propriétaires serait la suppression de la possibilité de déduire les amortissements liés à la location meublée. Actuellement, ce mécanisme permet aux investisseurs de réduire leur base imposable et, par conséquent, de diminuer leur impôt sur les revenus locatifs. Une mesure proposée pourrait être de réduire considérablement la base amortissable tout en augmentant la durée d'amortissement voire la suppression de la possibilité de déduire les amortissements pour la location meublée courte durée.
Pas ou peu d'évolutions concernant le statut de loueur meublé professionnel
A la suite de précédentes évolutions, l'accès à ce statut est relativement compliqué. En effet, la somme des recettes issues de la location meublée doit être supérieure à la somme des autres revenus d'activité notamment. Voilà pourquoi ce statut est aujourd'hui presque obligatoirement réservé aux professionnels et ne concerne qu'une proportion réduite d'investisseurs. Le législateur pourrait donc focaliser son attention sur le statut de LMNP.
Les motivations derrière ces réformes
Il est important de rappeler que ces réformes s’inscrivent dans un contexte plus large. Depuis plusieurs années, la France fait face à une inflation des prix de l’immobilier dans les grandes villes. Pour certains, cela contribue à rendre difficile l’accès à la propriété, notamment pour les jeunes ménages. De plus, le gouvernement souhaite lutter contre la « désertification » des centres-villes, souvent vidés de leurs habitants au profit de locations de courte durée touristiques. Dans ce contexte, certaines mesures fiscales viseraient à rediriger les investissements vers les locations longues durées et à freiner l’essor des locations touristiques, jugées nuisibles à l’équilibre des villes.
Cela dit et en l'état, ces réformes n’apporteraient pas nécessairement des solutions aux problèmes qu’elles cherchent à résoudre.
Prenons par exemple les résidences seniors ou les EHPAD : ces types d’investissements ne contribuent pas à la désertification des centres-villes. Pourtant, s’ils étaient inclus dans le champ d’application des réformes fiscales, ils pourraient être pénalisés. Il en va de même pour les résidences de tourisme, dont la suppression des avantages fiscaux affecterait directement les exploitants.
Voilà pourquoi, le projet de réforme pourrait ne pas inclure les résidences services avec bail commercial associé, qui continueraient de bénéficier d'un cadre fiscal préférentiel. Par ailleurs, l'application des nouvelles règles pourrait ne concerner que les biens achetés après la réforme, voire au changement de bail.
Le contexte économique et politique
Les dernières fuites médiatiques semblent indiquer que le gouvernement, dont la composition vient d'être dévoilée, prioriserait la réduction des dépenses publiques plutôt qu’une augmentation des impôts. Toutefois, dans un tel contexte, il est toujours difficile de prédire avec certitude l’orientation exacte des réformes fiscales.
La nomination d’Antoine Armand au ministère des Finances est un signal à suivre de près. Bien qu’il se soit exprimé sur la nécessité de préserver ce qui fonctionne, il reste à voir comment il abordera la réforme de la fiscalité des locations meublées, dans un contexte où la dette publique et le déficit budgétaire occupent une place centrale.
Notre nouveau ministre des finances a affirmé dans sa première interview qu’il ne serait pas le ministre de la confiscation sociale et « notre économie à besoin de stabilité et de sérieux : ce qui a marché préservons-le ».
Pour poursuivre, certains éléments interrogent dans leur cumul , à savoir son jeune âge, son inexpérience, ainsi que les éloges faites à l’encontre de la politique de son prédécesseur dont le bilan est largement discutable.
Notre nouveau ministre prend donc ses fonctions dans un contexte très compliqué et certains voient en son profil, un fusible idéal.
Le contenu du projet de loi de finance sera, à n’en pas douter, décisif pour son avenir et important pour notre pays.
Le mot de la fin
La location meublée, autrefois perçue comme un eldorado fiscal pour les investisseurs immobiliers, pourrait voir son avenir profondément modifié avec les réformes fiscales à venir. Alors que nous attendons la publication du projet de loi de finances, il est crucial de se préparer aux différents scénarios et d’ajuster sa stratégie patrimoniale en conséquence. Que ce soit par une hausse de la fiscalité ou par une réduction des avantages, la vigilance est de mise dans ce contexte d’incertitude.
Restez informés, restez prudents, et surtout restez à l’écoute des évolutions législatives. Ne prenez aucune décision sur le coup de l'émotion ou sur la base de simples hypothèses.